Regards d’ailleurs sur les séjours éducatifs | Voyage scolaire éducatif

Regards d’ailleurs sur les séjours éducatifs

L’histoire de Père Mark Obayi fondateur du premier centre de séjours éducatifs au Nigéria. Huit années de travail engagé pour le bonheur de la jeunesse du pays. Un quotidien si proche et si lointain à la fois.

Un après-midi un peu gris en plein mois de juillet. La ville de Oullins, voisine de Lyon, et nos adhérents qui nous y accueillent. Une rencontre nous attend avec quelqu’un qu’on ne connaît pas encore et qui vient de loin…

Cette rencontre on la prépare depuis plusieurs semaines, les déplacements si lointains se prévoient à l’avance. C’est par notre confrère canadien Jorgi que nous avons été mis en contact:

I would like to introduce Father Mark Obayi – a Catholic priest from Nigeria who in the past number of years has undertaken to bring professional, organized children camping to Nigerian youth.”*

*“Je voudrais vous présenter Père Mark Obayi – prêtre catholique du Nigéria qui durant ces dernières années oeuvre à l’organisation et à la professionnalisation des séjours éducatifs pour la jeunesse nigérianne.”

Malgré ces quelques lignes bien claires et les échanges de courriels qui y ont succédé, la découverte qui nous attendait était grande.

A 14h30 l’arrivée de Père Mark nous est annoncée. Une poignée de main, quelques politesses et nous voilà entre confrères Français et Nigérian prêts et curieux à la fois de parler du métier qui nous réunit, celui d’organisateur des séjours éducatifs pour jeunes.

Père Mark nous conte son histoire… Ce fût en 2009 que la première colonie, Lanlate Youth Camp Initiative (LYCI), a été créée par son église. Sa mission – aider et accompagner les enfants et les jeunes à travers les séjours et les activités éducatives pour leur donner toutes les chances de s’intégrer dans la société et vivre dans les meilleures conditions possibles dans leur future vie adulte. Son action au Nigéria n’est pas sans nous rappeler qu’en Europe aussi, et plus précisément en Suisse, les tous premiers séjours éducatifs ont vu le jour grâce à une initiative paroissiale.

LYCI propose des activités qui développent chez les jeunes leurs savoir-être individuels et collectifs et leurs savoir-faire dans différents domaines. Pendant toute l’année et durant les vacances scolaires de nombreux ateliers sont organisés par le centre éducatif : le théâtre, la danse, le sport, le jardinage, le dessin, etc.

Ayant très peu de moyens pour débuter le projet, les premières colonies de LYCI ont été accueillies sous de grandes tentes, qui pouvaient servir d’hébergement pour plusieurs jeunes à fois. L’équipe a également aménagé un grand espace au coeur du centre en guise de salle polyvalente, lieu pour de nombreuses activités.

Au fur et à mesure des années, des locaux plus solides ont été édifiés, notamment, la maison des directeurs “Camp director’s house”. Le nombre des structures d’hébergement s’est élargi également, pour accueillir en été 2017 jusqu’à 500 participants.

Le projet éducatif de LYCI est à destination des jeunes de 13 à 30 ans, ce qui diffère de la France, où les âges vont de 4 à 17 ans. La réglementation française pour les accueils collectifs de mineurs a défini ainsi ces âges.

Au Nigéria, Père Mark est un pionnier, il est le premier à avoir créé un centre de vacances éducatives. Alors, en absence de textes réglementaires, il est mené par son engagement et sa volonté de bien faire et il se forme, il parcourt le monde, apprend auprès des confrères d’autres pays, suit des séminaires.

C’est ainsi qu’il a passé plusieurs semaines aux Etats-Unis sous l’aile de ACA, l’Association américaine des colonies de vacances. Il a alors suivi une formation très pointue pour les directeurs de centres.

L’équipe de LYCI au Congrès d’ICF 2014 en Turquie

Puis il est devenu membre d’ICF, un réseau international des professionnels de l’animation, ce qui lui a permis de continuer à enrichir son bagage de connaissances à travers les séminaires de professionnalisation en Turquie, en France, en Afrique du Sud et bientôt en Russie.

Lanlate Youth Camp Initiative donne un exemple intéressant de micro-économie, car parmi ses modes de financement il y a celui qui vient de la production fermière. Il y a six ans, Père Mark et son équipe ont planté sur le territoire du centre des noix de cajou et bien d’autres fruits et légumes. Les noix prenant le plus de temps pour pousser et donner les premières récoltes, c’était un vrai investissement à long terme, qui permet aujourd’hui d’offrir les séjours aux participants sans qu’ils aient à débourser aucun frais.

Cette ferme a un double objectif, en plus d’être source de financement, elle est surtout un merveilleux terrain éducatif. Elle permet de former les jeunes à l’activité agricole, à les familiariser avec la terre. Le secteur agricole employant plus de 70% de la population du pays, où les ressources agricoles sont très importantes, les nouvelles compétences acquises pendant les séjours mèneront les jeunes vers une émancipation réussie, une meilleure employabilité et une indépendance financière future. C’est une vision sociétale que LYCI implante à travers sa ferme auprès des jeunes générations.

Aujourd’hui Père Mark est soucieux de développer la structure pour pouvoir accueillir encore plus de jeunes, mais aussi pour fidéliser l’équipe d’animation, faire monter en compétences les membres de la direction et les encadrants. Les stages qu’il a suivi le sont maintenant par les membres de l’équipe permanente de LYCI, le transfert de connaissances et la professionnalisation sont au rendez-vous et promettent un bel avenir à cette initiative éducative pour la jeunesse du Nigéria.

Nous espérons que d’autres rencontres suivront à celle-ci. Père Mark, le sourire radieux, une sagesse profonde dans le regard et un engagement incontestable dans ses propos, nous a ralliés dès les premiers instants à sa cause. Quelque soit le continent, le climat ou le contexte social, la mission des organisateurs de séjours éducatifs, leur métier, leur quotidien, leurs doutes et leurs victoires sont immuables et c’est une grande richesse de pouvoir les partager.

Source : Blog Unosel